Recueil de nouvelles noires

Je suis très heureuse d'avoir prêté ma plume à ce recueil dontles ventes sont intégralement versées à l'association Endo Morphoses 28 pour le soutien des femmes atteintes d'endométriose.

Ma nouvelle Une mère exemplaire, un extrait offert ci dessous.

La solitude. La douleur. Le sang.

En lien, de près ou de loin, avec l'endométriose, ces trois thèmes sont le fil conducteur de ce recueil de nouvelles inédites. Tantôt roman noir, thriller, polar ou sociétale, chaque nouvelle a été écrite avec le coeur et avec les tripes de chaque auteur.

Nous vous souhaitons un bon voyage à la découverte de leurs univers, réunis ici pour combattre la maladie.

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Une mère exemplaire

Chapitre 1

Simone se dirigea vers le lavabo pour prendre un verre d’eau et son comprimé habituel. Elle le savait. C’était cyclique. Tous les mois elle souffrait le martyre. Des maux de tête à hurler. Ça commençait par des picotements dans la tempe droite et très vite, elle se sentait vaseuse. Puis la douleur s’accentuait comme si son crâne était coincé dans un étau. C’est alors qu’elle se mettait à saigner du nez. Pour l'instant, aucun médecin n’avait réussi à la soigner. La seule prescription qui la soulageait un peu était ces petits comprimés minuscules bien protégés dans leur plaquette d’aluminium qu’il lui fallait à chaque fois extraire à la pointe d’un ciseau ou d’un couteau, en fonction de la pièce où elle se trouvait. Une fois avalés, elle s’allongeait sur son lit. Bonne à rien. Une véritable loque. Elle gémissait à fendre l’âme, se pelotonnait en boule comme un chat. En général ça allait mieux le lendemain matin, elle se réveillait épuisée, vidée, mais la douleur avait disparu. Jusqu’au mois suivant. Et ce n’était certainement pas hormonal à près de soixante ans. Ces douleurs étaient apparues quelques mois après la dispute avec sa fille. Elle savait que ça devait avoir un lien. Elle n’était pas stupide. Elle s’était sacrifiée pour que sa fille ne fasse pas l’erreur de sa vie et maintenant elle le payait. Tous les mois. Atrocement.

Elle tendit son bras vers sa table de chevet pour attraper son mobile et appeler son fils qui habitait juste à côté, dans l’ancienne maison des gardiens. Cette propriété lui venait de sa famille : une lignée d’aristocrates prestigieuse et très ancienne tout comme le château dont les deux tours médiévales se dressaient au milieu d’un corps Renaissance parsemé de trous béants, vestiges des guerres de religion : le châtelain du village voisin, protestant, n’avait pas lésiné sur les boulets de canon pour anéantir son cousin, catholique. Quelle époque ! pensa Simone en entendant la ligne décrocher.

— M’man ?

— Allo ! Chéri, tu peux passer à la pharmacie me chercher mes comprimés de ©Zolmitriptan, ma boîte est vide.

— Oui, m’man, j’y vais.

Simone avait toujours très mal. Elle se traina jusqu’à la salle de bain et se força à prendre une douche d’eau très froide. Au bout de quelques minutes, elle tremblait, frigorifiée, mais sa douleur était devenue tenable. Elle s’enroula dans une serviette en entendant la porte d’entrée. Elle avançait péniblement jusqu’à son lit quand...